Eglise Saint-Martin d’ Aujac
À la fin du XIIe siècle , siècle du grand essor des constructions religieuses dans la vallée de la Cèze, l’Ordre de Saint-Ruf de Valence obtient de nombreuses donations par Gaucelm de Naves : le mas de Chassac, Rieusset et la vallée de Bonnevaux. Il reçoit aussi de la famille des seigneurs d’Anduze l’église de Saint-Martin d’Aujac, la seigneurie du Fau et d’Aujaguet et celle du Buisson de Besses.
À cette époque, les églises de Saint-Théodorit de Bonnevaux et celle de Saint-Martin d’Aujac existent déjà. Grâce à ces donations, ces églises deviennent alors des prieurés de cet Ordre de chanoines qui en récupèrent la dîme, impôt religieux sur les récoltes des habitants. L’abbé de Saint-Ruf de Valence y nomme le prêtre desservant, reconnu par l’évêque d’Uzès, jusqu’à la Révolution.
Une date de construction entre 1120 et 1160
Il est difficile de fixer exactement la date de construction de cette église que l’on peut établir dans une fourchette de 1120 à 1160, pendant laquelle les églises de Concoules et de Malons sont aussi édifiées dans un même style, avec des chapiteaux semblables.
Il est donc possible que la construction soit l’œuvre de la famille des comtes d’Anduze, grands seigneurs de la vallée de la Cèze qui embauchèrent alors une équipe de sculpteurs qui travailla de chantiers en chantiers. Le XIIe siècle correspond à une période de croissance de population et à une volonté d’évangélisation de populations paysannes dispersées.
Le centre religieux de hameaux dispersés
L’église se situait à la jonction de deux chemins : celui venant de Bonnevaux et passant par Les Bouschet et Brouzet et l’ancienne route gallo-romaine d’Aujaguet venant des Mourèdes vers Brésis puis la jonction avec la Regordane à Ponteils, que l’on appelle La Cézarenque. Ces deux chemins marquaient aussi les limites des communautés villageoises : au nord celle de Bonnevaux, à l’est celle d’Aujaguet et au sud celle de Sénéchas. Elle s’étale sur un plateau de bonnes terres, près d’une source toujours existante, elle occupe une position centrale dans la paroisse d’Aujac.
L’évolution de l’architecture de l’église.
À l’origine, c’est une simple nef romane en pierres de grès issues des carrières de Bedousses ou d’Aujaguet. Elle était entourée, au sud, du cimetière que l’on traversait pour entrer dans l’église (place de l’église actuelle) et de la maison du prieur (ancien presbytère). Le clocher était une fenêtre dans le mur de façade.
Au XIVe siècle, un mur d’enceinte clôture l’ensemble, protection des habitants pendant la guerre de 100 ans.
En 1479, le clocher peigne est construit à partir de l’ancienne façade, il déborde à droite pour pouvoir créer 4 fenêtres de cloches. L’escalier pour y accéder a été taillé dans l’épaisseur des murs, on le voit en entrant dans tribune.
Fin XVIIe siècle, deux chapelles latérales sont rajoutées pour répondre à un nouvel accroissement de la population. St-Joseph à gauche répondant à Ste Marie à droite. On bâtit une tribune, d’abord en bois, puis plus tard en pierres, mais moins bien construite que le bâtiment. Entre temps, la population d’Aujac était passée de 200 habitants à 800 environ.
Au XIXe siècle est bâtie la sacristie, et du XXe siècle, de beaux vitraux modernes dont l’un représente le manteau de saint Martin.
Une visite de l’église
L’entrée du peuple : sur la colonne de droite, une plante aquatique rappelant celle des chapiteaux intérieurs : symbole de renouveau et de la vie apportée par le baptême ; sur la colonne de gauche abîmée, on devine un homme avec une grosse tête dont les jambes sont repliées vers l’arrière. De la main gauche il repousse un lion, tandis qu’un singe aux yeuxglobuleux porte le pied droit de l’homme à sa gueule pour le manger ? La voussure de la porte est décorée de boules et d’un maillet de tailleur de pierre et d’oiseaux becs affrontés.
La nef est composée de deux parties, la première culmine à 9 m de hauteur et le chœur, en cul de four, à 7 m. 4 piliers portent des chapiteaux ornés de feuilles à grosses nervures stylisées.
Monter dans la tribune pour admirer l’ensemble harmonieux de cette église.
Les vitraux modernes donnent de douces couleurs.
Chapelle latérale de gauche : l’ancienne porte d’entrée au presbytère porte la date de 1691, année de la construction de cette chapelle.
Le chœur : l’accès à la sacristie est à gauche. Dans ce coin, repérer la litre seigneuriale, large bande noire de 30 cm, à hauteur de tête d’homme, faisant le tour du chœur. Peinte à la mort du seigneur d’Aujac, c’était son privilège avec son banc dans le chœur.
Merci à Marie Lucy Dumas pour sa participation
Auteure de « Aujac, entre route et Cèze »
Editions « Gens et terroirs des Hautes Cévennes »